Le 6 décembre dernier, la remise des trophées de la Paix économique, au musée de Grenoble, est venue clôturer la Journée de la Paix économique, organisée par la chaire de recherche éponyme et l’ensemble de ses partenaires et mécènes. 20 candidats – entreprises, associations, collectivités et institutions – étaient en lice. Cinq lauréats ont été récompensés au regard de leurs projets innovants et structurants autour de la Paix économique. Focus.
Cinq trophées sont venus saluer les initiatives d’organisations porteuses de sens dans le champ de la paix économique, autour de trois dimensions.
- La paix intérieure : « Santé, soin et épanouissement des personnes »
- La paix relationnelle : « Soin et épanouissment des relations et du collectif »
- La paix avec les parties prenantes et l’écosystème : « Soin ou épanouissement des organisations et des parties prenantes ».
Trois trophées ont été attribués par les membres du jury, soit un prix par catégorie. Un trophée s’est vu descerner par les étudiants et un trophée a été attribué par le public, lors des votes réalisés dans le village des candidats l’après-midi du 6 décembre, au musée de Grenoble.
Lauréat – catégorie « Paix intérieure ». L’université catholique de Lille
Développer l’interaction « tête-cœur-main » des étudiant.e.s et futurs managers
Le projet « Les Humanités au cœur des transitions », est porté par Thierry Magnin, recteur délégué de l’université catholique de Lille, et France Seynave, . Il ambitionne d’intégrer l’enseignement des Humanités au cœur des cursus d’apprentissage des étudiant.e.s et futurs managers. Au total, une vingtaine d’heures par an sont dédiées à la découverte des grandes figures humanistes (Simone Veil, Pierre Teilhard de Chardin…), à la pratique du débat éthique, ainsi qu’à l’immersion des étudiants dans des expériences de terrain.
Le développement de la personne humaine dans toutes ses dimensions, dont l’intériorité, l’apprentissage par le service à la société, la relation à l’autre et l’engagement dans des actions qui font sens, constituent les fondamentaux des modules dispensés. C’est ainsi que des étudiants se sont d’ores et déjà engagés dans des actions solidaires auprès des migrants, à Calais et dans des Etablissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), à travers l’apport de solutions concrètes d’aide et de soutien, favorisant le bien-vieillir ensemble.
L’Université catholique de Lille a pour objectifs de doubler d’ici un an le nombre de groupes de travail autour des questions éthiques (25 personnes sont formées actuellement), de miser sur l’interdisciplinarité afin que les facultés et les écoles s’approprient ces dispositifs en autonomie et, à terme, de rendre ces modules obligatoires et diplômants pour tous ses étudiants. Le projet Humanités déploie ainsi une réponse pédagogique et sociétale ambitieuse pour participer au développement humain multidimensionnel des étudiant.e.s et futurs dirigeant.e.s issus de la « Catho de Lille ».
Lauréat – catégorie « Paix relationnelle ». La société PERF! – CH. Ile-de-France
A l’épicentre de la lutte contre les inégalités professionnelles hommes/femmes
« Epicène – En finir avec les disparités professionnelles entre hommes et femmes » est porté par Roxane De Pelet, fondatrice du projet, et Didier Ponsot associé dirigeant chez FBH. Le terme « épicène » est un qualificatif de la langue française, dont la forme ne varie pas selon le genre. « Habile » est un adjectif épicène. Par extension, le projet Epicène augure de faire disparaître les inégalités professionnelles entre hommes et femmes sur le marché de l’emploi, dans le tissu associatif, le monde économique, artistique et culturel…
En combinant les leviers d’une évolution individuelle et collective, le projet Epicène entend agir afin de favoriser le progrès dans les organisations, où le féminin et le masculin peuvent mobiliser ensemble et équitablement leurs diversités, au service de la paix intérieure, la paix relationnelle et la paix organisationnelle. Ces actions sont structurées autour d’ateliers de sensibilisation aux disparités hommes/femmes dans les organisations, et de séminaires de R&D, visant à analyser les causes de ces disparités persistantes, afin d’y remédier.
Ces ateliers, ludiques et collaboratifs, traitent de la violence sexiste et sexuelle, de la parentalité choisie et travaillent à une fresque du sexisme. Les résultats recueillis s’accompagnent de la mise en place d’un protocole d’évaluation afin de se mettre en action.
Les séminaires de R&D, quant à eux, invitent les participants à comprendre les résistances au changement, à travers un travail introspectif intégrant les émotions. Car « Lorsqu’il y a émotion, il y a bouleversement d’où, bien souvent, le renforcement de systèmes ancrés, qui pérennisent les inégalités », soulignent les porteurs du projet.
Lauréat – catégorie « Paix organisationnelle ». La société MTB Group. Trep Nord-Isère
Asseoir un modèle d’économie soutenable et régénératif
Le projet de recyclage des déchets « Mission 2025 », porté par David Ravet, directeur Développement & Partenariats chez MTB. Cette initiative ambitionne d’accélérer la transformation d’anciennes friches industrielles en « sites régénératifs » pour les futures générations. L’objectif du projet est d’accompagner les industriels sur ces thématique afin de trouver des solutions, ensemble. D’ores et déjà, une friche industrielle, datant des années 1980, est en cours de renaturation.
L’entreprise MTB Group a en effet pour cœur de métier le recyclage de déchets complexes, et la fabrication d’équipements spécifiques permettant de valoriser une économie circulaire et innovante. « Notre empreinte sur la Nature, l’eau et le bien-manger sont des enjeux stratégiques pour nos enfants et notre planète, souligne David Ravet ; d’où l’ambition du groupe de réconcilier la Nature et l’industrie. » Car, il s'agit-là de restaurer le bon état écologique des sites à travers des opérations de recyclage, d'aménagement, de gestion des espaces et de sensibilisation aux enjeux.
Par ses actions, MTB Group, qui est également membre du Comex des entreprises iséroises engagées dans la Convention des Entreprises pour le Climat (CEC), vise à asseoir un modèle d’économie soutenable et régénératif, limitant l’impact négatif de l’économie auprès des jeunes générations. Dans ses processus, MTB Group s’emploie à réincorporer des matières recyclées dans les chaînes de valeur, visant une stratégie « zéro déchet » et 100 % recyclage ; déploie des solutions à très faible empreinte environnementale ; accompagne les producteurs à concevoir des produits recyclables et concourt au partage d’expérience avec les acteurs de son territoire et l’ensemble de ses parties prenantes.
Trophée du public. L’association La Pépinière des talents. Moirans
Une prépa-apprentissage pour les jeunes porteurs de troubles DYS et TDHA
Le projet de laboratoire de bonnes pratiques à adopter pour accompagner l’orientation, l’insertion et l'inclusion professionnelle des jeunes de 16 à 19 ans, porteurs de troubles DYS, a été initié par Marine Fourest Raymond, co-fondatrice et responsable du développement de la Pépinière des talents. 10 à 12 % de la population française serait porteuse d’un trouble DYS – dyslexie, dysphasie, dyspraxie, dyscalculie… – soit un trouble du spectre du langage et des apprentissages, ou d’un trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Ces troubles sont d'ordre neurologique et la majorité du temps, innés.
Créée en 2019, la Pépinière des talents a pour vocation d’accompagner, pendant un an, des jeunes atteints de troubles DYS et TDHA, dans le cadre d’une « prépa-apprentissage ». L’objectif de cette année de préparation aux apprentissages est de développer les savoir-être, savoir-faire et les acquisitions, afin de pouvoir entreprendre un CAP, un BAC professionnel, un service civique ou postuler en CDD. Ce programme pédagogique expérimental et innovant est encadré par une équipe d’experts de l’éducation, de l’orientation et d’intervenants spécialisés, qui oeuvrent autour du langage et des apprentissages.
Aujourd’hui, la Pépinière des talents se fixe également la mission d’accompagner les entreprises, qui accueillent, forment et permettent l’insertion de ces jeunes dans un parcours de professionnalisation. Ainsi, « Participer aux Trophées de la Paix économique permet à la Pépinière des talents de se positionner et d’être fière du parcours de ces jeunes, » note Marine Fourest Raymond, porteuse du projet. « Venir à la Pépinière des talents, chaque matin, c’est comme si j’avais gagné au loto ! » s’est enthousiasmé un jeune de la prépa-apprentissage.
https://www.la-pepiniere-des-talents.fr/
Trophée des étudiants. L’entreprise Naoki. Besançon
Développer une pratique professionnelle autonome et épanouissante
Le projet de mise en œuvre et de déploiement de la subsidiarité au cœur de l’entreprise, est porté par Pierre Arnaud, gérant et associé du réseau d’entreprises de propreté, Naoki. Spécialisée dans le nettoyage sur-mesure des locaux professionnels, Naoki délivre à ses clients des solutions personnalisées d'entretien des bureaux, résidence immobilières, locaux commerciaux ou salle de santé. Le projet porté par la direction vise à « faire en sorte que chaque collaborateurs de l‘entreprise travaille en autonomie, selon ses compétences et ses talents, souligne le dirigeant. Les salariés de l’entreprise, peu qualifiés, doivent pouvoir se faire confiance pour gagner en autonomie. »
Le challenge de Naoki ? Développer la confiance en soi chez les collaborateurs, et révéler à chacun ses talents et ses compétences pour pouvoir « entreprendre sa vie ». La finalité est de faire en sorte que les collaborateurs s’épanouissent et se réalisent dans leur travail. Pour ce faire, Naoki a entrepris une démarche sur deux ans, qui vise à évaluer le niveau de compétences, les qualités et, au-delà, les aspirations de chaque salarié dans le futur. L’objectif est de déployer un plan de formation et de développement des compétences.
Dans cette perspective, Naoki a ouvert des espaces de dialogue entre collaborateurs et managers, pour trouver ensemble des solutions d’évolution professionnelle. « Tous n’iront pas, relève Pierre Arnaud, mais c’est à l’entreprise de les sensibiliser à l’enjeu de s’épanouir dans le cadre du travail. Ce trophée de la Paix économique veut leur donner cette confiance, car ils ont tous des talents ! »
©Bruno Moyen
