La rencontre du mois de novembre entre les chercheurs de la chaire et ses entreprises partenaires a été l’occasion de traiter de deux thématiques de recherche pour lesquelles les auteurs ont présenté leurs réflexions et avancées de travaux. Ces présentations ont fait l’occasion d’échanges interactifs à la fois avec les partenaires et les autres chercheurs présents.
Sustainable Management Model : Innovating through permaculture, Claudio Vitari
Le bricolage comme artéfact humoristique : Du rire méprisant au sourire admiratif, ou comment reconnaître dans les pratiques de bricolage l’intelligence pratique et l’ingéniosité, Raffi Duymedjian et Isabelle Né
Sustainable Management Model : Innovating through permaculture, Claudio Vitari
Les innovations managériales (Birkinshaw et al. 2008) capables d’établir une balance entre la nature et l’Homme sont nécessaires pour surmonter l’impasse mise en évidence par les crises sociales, écologiques et économiques. L’innovation est l’implémentation de meilleures solutions qui répondent aux nouvelles exigences, aux besoins peu exprimés et aux besoins des marchés existants. Cela est accompli au travers de nouveaux produits, processus, services, technologies et idées qui sont facilement accessibles aux marchés, gouvernements et sociétés (Moustaghfir & Schiuma, 2013). Les innovations peuvent changer radicalement les façons d’envisager les savoirs faire des individus, organisations et sociétés, et leurs relations. Elles sont une problématique fondamentale de notre société confrontée à la globalisation, les situations d’interdépendance complexes, les risques que l’on retrouve partout dans le monde, l’épuisement des ressources naturelles, les effondrements dans la biodiversité, la population vieillissante, les évolutions urbaines (Motesharrei et al. 2014; Pueyo 2014; Barnosky et al. 2012; Dearing et al. 2014). L’intention de cette recherche est de souligner les questions clé auxquelles pour le moment il n’y a pas de réponse. En particulier, cette étude s’intéresse à « comment » un modèle managérial peut contribuer au développement de l’entreprise durable qui intègre de façon plus efficace les sphères sociales, économiques et écologiques.
Le bricolage comme artéfact humoristique : Du rire méprisant au sourire admiratif, ou comment reconnaître dans les pratiques de bricolage l’intelligence pratique et l’ingéniosité, Raffi Duymedjian et Isabelle Né
Le concept de bricolage rencontre du succès dans les sciences de gestion depuis les années 90’. Il se croise avec des champs d’investigation divers tels que les systèmes d’information (Ciborra, 1994), les comportements organisationnels (Weick, 1993), les pratiques de l’innovation (Garud & Karnoe, 2003), et les dynamiques de l’entrepreneuriat (Baker & Nelson, 2005). Il est essentiellement décrit comme une pratique qui consiste à « faire fonctionner avec ce que l’on a sous la main », et s’oppose aux pratiques considérées comme plus formelles et considérées comme plus légitimes sous le mythe de la rationalité managériale (Bowles, 1997).
Bien que la recherche sur le bricolage soit assez prolifique, elle s’attache quasi exclusivement à l’étudier en tant que processus, et non en tant de résultat ; alors même que Claude Lévi-Strauss (1966) lui-même à l’origine du concept, le définit autant comme une façon de fonctionner (processus) qu’un résultat, une réalisation, un arrangement qui comporte des caractéristiques spécifiques. Nous soutenons que prendre en compte l’étude du bricolage-résultat permet de comprendre les conditions et conséquences d’une phase critique dans sa réalisation : la réaction qu’il suscite à l’intérieur d’un système de production. 1) soit une réaction de mépris et de rejet justifiées par la croyance en l’incompétence (Rey, 2006) du bricoleur, ou même la croyance en un bricoleur qui agit comme résistant aux normes et règles de l’organisation. 2), ou bien à l’inverses, une réaction d’admiration devant l’ingéniosité et l’astuce du bricoleur (Rey, 2006).
L’incongruité intrinsèque du bricolage-résultat va nous permettre de traduire cette construction par le biais de la théorie de l’humour ; vecteur par lequel, le bricoleur peut devancer la réaction de rejet en soulignant l’incongruité plutôt que la finalité.