Pour cette seconde édition, le Forum international pour le bien vivre vise à faire un pas de plus vers une transformation systémique en faveur du bien vivre, en tenant ensemble le cap d’une société juste et soutenable. La chaire Paix économique de Grenoble Ecole de Management est co-instigatrice de cet événement, qui accueillera des contributions issues d’acteurs scientifiques, politiques, culturels et citoyens.
En 2018, déjà, Grenoble avait accueilli le premier Forum international pour le bien vivre. Quelque 1000 personnes, de tous horizons, s’étaient mobilisées pour participer à l’événement. Fort de ce succès, la dynamique a continué notamment autour de la création d’un centre ressource en ligne « Cap Bien vivre », porté par ce même collectif. La seconde édition du forum, qui se tient en 2022, se propose de faire un pas de plus par rapport à l’édition précédente et vient alimenter la dynamique créée autour de Grenoble Capitale Verte. Le Forum international pour le bien vivre constitue à ce titre l’événement clé du comité scientifique de Grenoble Capitale Verte pour le mois de juin, qui est consacré à la thématique des inégalités.
Comment traduire le bien-vivre en actes et en indicateurs – entre plafond environnemental et plancher social ? Et, comment soutenir et élargir le cercle des instigateurs/trices d’un changement de paradigme pour tenir le cap du bien-vivre ? Tels sont certains des axes structurant les échanges organisés dans le cadre du Forum international pour le bien vivre, à Grenoble, du 29 juin au 1er juillet 2022.
Un forum participatif
Quelque 160 personnes de tous horizons, nationaux et internationaux (Afrique, Amérique latine…), ont répondu favorablement pour contribuer au Forum et partager leurs savoirs, idées, retours d’expériences, initiatives, etc. Au programme, pendant ces trois jours, des assemblées plénières, des tables rondes, des ateliers participatifs, un colloque scientifique, des temps ouverts, des propositions culturelles en soirée et la possibilité de croiser les savoirs et les regards autour du bien-vivre.
Ce croisement des mondes est aussi la marque de fabrique des organisateurs du forum qui rassemblent la société civile (CCFD-Terre Solidaire, le collectif FAIR [Forum pour d’Autres Indicateurs de Richesses], la recherche (la Chaire Paix économique de Grenoble Ecole de Management et l’Université Grenoble Alpes) et les collectivités publiques (Ville de Grenoble-CCAS, Grenoble Alpes Métropole). L’évènement a lieu sur le campus de l’Université Grenoble Alpes. Associations, citoyens, chercheurs, dirigeants d’entreprises, acteurs du monde politique… contribueront à la richesse et la variété des débats pour rendre visible et concrète une vision de l’organisation socio-économique fondée sur le bien vivre et la soutenabilité.
« Les liens entre les chercheurs, les acteurs de la société civile et les acteurs politiques sont anciens sur le territoire grenoblois. Croiser les regards de ces différents mondes est essentiel pour interroger la question de la convention sociopolitique autour du bien vivre », relève Fiona Ottaviani, économiste et membre de la chaire Paix économique. Impliquée dans l’organisation du forum, elle est également l’auteure d’une recherche récente portant sur le bien-vivre en milieu urbain et rural (voir encadré).
Un colloque scientifique ouvert à tous
Le forum intègre en son sein un colloque scientifique international coordonné par Fiona Ottaviani (membre du comité scientifique de Grenoble Capitale Verte et de la chaire Paix économique) et par un comité scientifique d’une quinzaine de chercheurs de différentes disciplines (de GEM, de l’UGA, des universités de Lyon, Genève...). Ce colloque scientifique, accessible à tous les participant.e.s, vise à faire progresser la connaissance sur trois formes d’interdépendances clés : les interdépendances économiques, sociales et environnementales, les interdépendances entre les personnes et les collectifs et les interdépendances inter-scalaires et territoriales. « L’enjeu est ici de faire un pas de plus en termes de connaissance sur des enjeux mal bordés scientifiquement. La spécificité de ce colloque est d’être ouvert à des participant.e.s non chercheurs », indique Fiona Ottaviani.
Facebook : https://www.facebook.com/ForumBienVivre
Linkedin : https://www.linkedin.com/company/cap-bien-vivre
Encadré 1
Le 28 juin, au soir, en ouverture du forum, la chaire Paix économique de Grenoble Ecole de Management, qui fête ses dix ans d’existence, organise une conférence sur la thématique : « L’entreprise au défi de la sobriété heureuse et solidaire ».
Cécile Renouard, cofondatrice et présidente du Campus de la Transition, animera les débats. Professeure de philosophie, elle est également auteure de nombreux ouvrages sur la responsabilité éthique et politique des entreprises. Dans le cadre de partenariats avec des entreprises, ONG et agences publiques de développement, elle a œuvré, depuis 2006, à la mesure de la contribution des entreprises à la qualité du lien social et écologique dans différents territoires (Nigeria, Inde, Indonésie, Mexique, France). Cette activité d’enseignement et de recherche l’a conduite à créer, fin 2017, le Campus de la Transition, à côté des grandes écoles et universités, afin de favoriser des formations cohérentes avec les enjeux de la transition écologique et sociale.
Encadré 2
Des indicateurs de bien-être soutenable territorialisés pour nourrir la transformation de l’action publique
En 2012 et 2018, Fiona Ottaviani, professeure associée à Grenoble Ecole de Management, et membre de la chaire Paix économique,et de la Chaire Territoires en transition de GEM, a participé à la réalisation de deux enquêtes inédites dans la métropole grenobloise, pour construire de manière participative des indicateurs de bien-être territorial soutenable. Ces travaux visent à mieux considérer les conditions de vie des personnes et ce qui compte vraiment pour les personnes. « Un consensus scientifique s’est dessiné dans les années 2000, selon lequel le produit intérieur brut (PIB), qui est un indicateur macroéconomique clé depuis la Seconde Guerre mondiale, ne reflète pas la façon dont les gens vivent, ni leur bien-être. Plus largement, les indicateurs traditionnels ne tiennent pas compte de ce qui compte et se concentrent uniquement sur ce que l'on sait compter. Ils ne considèrent pas ce qui fait un « bien commun » ; ils ne fournissent pas non plus l'instrumentation statistique nécessaire pour aborder les questions de durabilité sociale et environnementale » (Le Roy et Ottaviani, 2022). Compte tenu de ces besoins d'analyse, de nombreux travaux sont menés pour proposer des indicateurs alternatifs permettant d'évaluer le bien-être à différentes échelles spatiales. Dans la métropole grenobloise, la réflexion sur la meilleure façon de quantifier le bien-être a abouti, en 2015, à l'élaboration d’une démarche autour des indicateurs de Bien-Etre Soutenable Territorialisés – IBEST (Ottaviani, 2015). Le référentiel IBEST , qui sert de référence pour l'élaboration des politiques à l’échelle locale, a permis d’éclairer et de mieux connaitre les conditions de vie des habitants du territoire en termes de logement, de santé, de sociabilité, de rapport au temps, etc.
Ces travaux ont nourri le centre ressource Cap bien vivre, qui présente les grands volets de construction de la démarche et vient alimenter les réflexions du forum international pour le bien vivre.